Cécile Mourette – Responsable de la planification et de la logistique chez Cartier
- sylvievilla
- 3 oct.
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Dernière mise à jour : 13 oct.
Cécile n’a pas suivi un chemin tout tracé. Ce qui la guide ? La curiosité, l’adaptabilité et une volonté de trouver du sens à ce qu’elle fait.
« J’étais bonne élève, mais on ne m’a jamais demandé ce que je voulais faire. Le jour où on me l’a demandé, juste avant le bac, j’avais 16 ans… et aucune idée. »
Refusant d’aller dans une classe préparatoire où elle passerait son temps assise sur une chaise, elle opte pour une formation en biologie. Ce n’était pas la matière où elle excellait, mais elle y voyait une porte d’entrée. Elle enchaîne avec un diplôme d’ingénieure dans l’industrie alimentaire, puis découvre en dernière année la logistique et la supply chain.
« Là, ça a été une révélation. C’était concret, connecté à tous les métiers de l’entreprise, et ça mobilisait aussi mes compétences scientifiques. »
Deux stages chez Nestlé plus tard, Cécile arrive en Suisse pour rejoindre son conjoint. Elle postule dans différentes entreprises. Cartier la choisit, malgré son absence totale d’expérience dans l’horlogerie.
« J’étais la seule candidate à ne rien connaître à l’horlogerie… et j’ai été prise ! »
Treize ans plus tard, elle y travaille toujours. Elle a changé plusieurs fois de poste et de service, évoluant du pilotage de production internationale à la logistique de site, puis à la gestion de projets digitaux.
« Aujourd’hui, je travaille à mi-temps sur un projet stratégique qui touche à la traçabilité de l’or utilisé dans nos montres. Je fais le lien entre les équipes informatiques et les équipes métiers. »
Comment trouver sa place sans renier ses besoins ?
Devenue maman de deux enfants, Cécile a dû réajuster son rythme.
« Je n’arrivais plus à tout suivre. Ni 100 % maman, ni 100 % manager. Et puis un jour, un directeur m’a proposé un nouveau poste, sans management, mais avec beaucoup de responsabilités. Ça m’a redonné de l’énergie. »
Ce changement, elle le vit comme un alignement. Elle ne dirige plus une équipe de 15 personnes, mais continue à jouer un rôle central, en transversal.
Et comment ça se passe dans ce monde très masculin ?
« C’est en manufacture que j’ai vraiment senti la différence. J’étais souvent la seule femme dans les réunions de managers. Un jour, un intervenant externe me demande si je suis RH… alors que tous les RH étaient des hommes ! »
Sans hostilité, mais avec des réflexes d’un autre temps, le quotidien est parfois teinté d’anciens réflexes genrés. Mais les choses changent, doucement mais sûrement.
« La prochaine directrice du site est une femme. Et on est désormais trois femmes manageuses sur le site. Il y a encore du chemin, mais ça évolue. »
Quel est ton regard sur l’égalité ?
« Pour moi, ce n’est pas une guerre. Il faut que les hommes aussi puissent travailler à 80 %, qu’on reconnaisse leurs besoins personnels, leurs engagements familiaux. Tant que c’est un “problème de femmes”, on n’avancera pas. C’est un enjeu de société. »
Pourquoi devenir ambassadrice ?
« Parce que je suis maman d’un garçon et d’une fille. Et je veux leur offrir les mêmes chances. J’aurais adoré avoir un programme comme celui-ci à leur âge.»
Son conseil aux jeunes filles ?
« Ne vous limitez pas. Essayez, explorez, discutez avec des gens. On peut très bien se tromper. L’important, c’est de découvrir ce qui ne vous convient pas… et de garder les yeux ouverts sur les ponts, les passerelles, les opportunités. »

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